MIRROR

MIRROR 2021

This photograph is part of the MIRROR series, an exploration of thresholds, duality, and intimacy. It questions the boundaries between appearance and presence, and what the gaze can reveal of inner balance.

So many visions accompany the idea — the dream, the slow drift toward reality. I have nourished myself on images gathered through the chance encounters of my artistic passions; but one has remained with particular intensity, an obsession almost: the mirror. Each reference I meet seems to widen the tunnel to be crossed. The mirror becomes a threshold — not a surface for projection, but a place for listening, a space for passage.

It is within this fracture that a gesture of peace begins to unfold — in that uncertain, vibrating space where the body becomes resonance. With closed eyes and open hands, a man seems to still the noise of the world, held between tension and release. It is there, in that fragile in-between, on the edge of being, that something finds its balance. A dense hope arises, charged with all that is possible. And inner peace, quietly, becomes creative force — not as an answer, but as a breath.

Cette photographie s’inscrit dans la série MIRROR, une exploration du passage, du double et de l’intime. Elle interroge les limites entre apparence et présence, et ce que le regard peut révéler d’un équilibre intérieur.

Tant de visions accompagnent l’idée, le rêve, le glissement vers la réalité. Je me suis nourrie d’images reçues au hasard de mes passions artistiques ; mais une en particulier m’obsède et reste ancrée : celle du miroir. Chaque référence rencontrée élargit un peu plus le tunnel à traverser. Le miroir devient un seuil — non pas une surface de projection, mais un lieu d’écoute, un lieu de passage.

C’est au coeur de cette fracture que ce glisse l’acte de paix, au coeur de cet espace flou et vibrant, où le corps devient résonance. Les yeux clos, les mains ouvertes, un homme semble retenir le bruit du monde, suspendu entre tension et apaisement. C’est là, dans ce fragile entre-deux, à la frontière, que quelque chose s’équilibre. Un espoir intense se forme, chargé de tous les possibles, et la paix intérieure se transmute en force créatrice — non pas comme réponse, mais comme souffle.

Autoportrait 2020

So many visions accompany the idea, the dream, slide into reality; I have been nourished by images received at the hazard of my artistic passions; but one in particular obsesses me and remains inked, that of the mirror. Each reference I encountered widened the tunnel I had to pass through a little more. How do I cross the mirror? Will a lifetime be enough, or a moment? 

The experience of a pandemic, its suffocating reality, the intoxication it brings, sends us back to ourselves, beyond our senses, beyond our preconceived ideas, we are confronted with our innermost being, with no way out. Enclosed, isolated from others and the world, delivered to the vertigo of contradictory informations, to shapeless powers, we find ourselves and our inner voices rise more loudly, and question, targeting the central fibre of our lives, freedom. It is during this period, becoming my only model, that I explored the self-portrait and its interplay of doubles. 

I remain with the words of Virginia Woolf: “Whatever may be their use in civilised societies, mirrors are essential to all violent and heroic action.”

Tant de visions accompagnent l’idée, le rêve, le glissement vers la réalité ; je me suis nourrie d’images reçues au hasard de mes passions artistiques ; mais une en particulier m’obsède et reste encrée, celle du miroir. Chaque référence rencontrée élargit un peu plus le tunnel à traverser. Comment traverser le miroir ? Une vie suffira-t-elle, ou un instant ?

L’expérience d’une pandémie, sa réalité suffocante, l’ivresse qu’elle procure, nous renvoient à nous-mêmes, au-delà de nos sens, de nos idées préconçues, nous sommes confrontés à notre être le plus profond, sans issue. Enfermés, isolés des autres et du monde, livrés au vertige d’informations contradictoires, à des puissances informes, nous nous retrouvons et nos voix intérieures s’élèvent plus fort, et remettent en cause, en visant la fibre centrale de nos vies, la liberté. C’est à cette époque, devenue mon seul modèle, que j’ai exploré l’autoportrait et son jeu de doubles.

Je reste fidèle aux mots de Virginia Woolf : “Quelle que soit leur utilité dans les sociétés civilisées, les miroirs sont essentiels à toute action violente et héroïque”.